La recherche de la beauté est la recherche de plus grand que soi.
Une fois nourri, soigné et chauffé l’Homme recherche le beau.
Que ce soit la recherche d’un paysage ou la recherche d’une œuvre exceptionnelle, c’est la volonté d’être émerveillé et touché qui guide ses pas. Et de même que des écrits nous troublent parce qu’ils nous permettent de mettre des mots sur ce que nous ressentions, une œuvre nous parle car elle nous révèle quelque chose de nous.
Elle révèle quelque chose de nous en temps qu’être unique et quelque chose de nous en tant que membre d’un groupe, d’un peuple.
Quand nous visitons un pays ou une région nouvelle, même ceux qui souhaiteraient échapper aux lieux touristiques, font le détour pour admirer ce que ses habitants ont choisi de leur montrer. Ils s'imprègnent alors de ce qui compte aujourd’hui pour les habitants de la région. C’est en cela que la beauté est un signe d’union d’un peuple qui se reconnait dans ce qui est beau pour lui et dans ce qui représente ses valeurs.
A ce propos, au souhait qu’un de ses collaborateurs avait de restreindre le budget alloué à la culture pour l’effort de guerre, Wintson Churchill avait répondu « alors pourquoi nous battons nous ? ».
En tant qu’individu, il me semble que l’artiste est un « bras » du créateur. Il ne crée pas la beauté ; elle existe déjà. Il participe juste à sa révélation par son langage propre.
Ne clame-t-on pas d’un ton enjoué mais autoritaire, devant une œuvre exceptionnelle pourtant réalisé par l'Homme : « ceci est la preuve de l’existence de Dieu » ;
La beauté se choisit. Entre mille façons de faire quelque chose, il y a ce qui est pratique, ce qui est bon marché, ce qui est rapide et ce qui est beau. Quelques fois cela peut-être tout en même temps mais bien souvent l’esthétique demande des efforts supplémentaires.
Pour le peintre, la recherche du beau est un chemin. Ce n’est pas forcément le plus facile mais c’est le plus évident comme il est évident de préférer s’exprimer dans sa langue maternelle.
Celui qui, pour réaliser son œuvre travaille afin de révéler aux autres ce qu’il ne pourrait dire autrement est surtout un chercheur. Il cherche de nouveaux mots, de nouvelles expressions. Il cherche sa route, avance, prends des bonnes ou des mauvaises directions mais continue de chercher.
Michel Ange s’est-il arrêté après avoir peint la chapelle Sixtine ? Le Bernin a-t-il renoncé à l’art après avoir sculpté l’enlèvement de Proserpine ? Non, ils ont continué de chercher.
Arrêter de chercher le beau pour un peintre c'est comme arrêter de parler.
Alors la beauté fait signe comme l’étoile suivie par les bergers et les rois mages. Car, la beauté interpelle sans ambiguïté. La beauté n’a pas besoin d’explication, elle touche par ce qu’elle est. Et c’est par ce qu’elle est que l’on vient à elle.
Elle fait signe de la direction à prendre. Qui irait avec son troupeau ou les bras chargé des cadeaux vers quelque chose qu’il n’espérerait pas beau ? qu’il n’espèrerait pas plus grand que lui ?
Le peintre, comme le chercheur avance à son rythme vers plus grand, il trace, dessine, efface, colore, mélange ses médiums sans savoir exactement où il va il sait ce qu’il recherche.
La beauté me fait signe.
6 janvier 2020, jour de l'Epiphanie.